L'ocre rouge des premiers Néandertaliens
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L'ocre rouge des premiers Néandertaliens
Il y a quelque 250 000 ans, des Néandertaliens de la vallée de la Meuse utilisaient de l'ocre rouge. Le témoignage d'une activité symbolique ?
François Savatier
L'une des plus grandes concentrations d'hématite retrouvée dans le site C au lieu-dit le Belvédère, à Maastricht (Pays-Bas), contraste avec l'arrière-fond limoneux du sédiment fluviatile déposé par la Meuse au Paléolithique.
Wil Roebroeks, Université de Leyde
Ces éclaboussures se sont vraisemblablement produites lorsqu'un Néandertalien a versé du liquide ocré. Était-ce sur lui-même ? On est tenté de le penser et d'interpréter ce geste comme une décoration corporelle, ce qui serait une activité symbolique (en bas à droite, un grossissement du centre de la gouttelette de droite dans l'image en haut à droite).
Wil Roebroeks, Université de Leyde
Des pointes bifaciales et en os ainsi qu'un bloc d'ocre strié retrouvés dans l'abri de Blombos en Afrique du Sud. Ces artefacts datent de 75 000 à 80 000 ans et sont attribués à l'homme moderne, Homo sapiens.
Chris Henshilwood
http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actu-l-ocre-rouge-des-premiers-neandertaliens-29111.php#.T1Sivn83jN8.facebook
François Savatier
L'une des plus grandes concentrations d'hématite retrouvée dans le site C au lieu-dit le Belvédère, à Maastricht (Pays-Bas), contraste avec l'arrière-fond limoneux du sédiment fluviatile déposé par la Meuse au Paléolithique.
Wil Roebroeks, Université de Leyde
Des taches rouges dans le limon et l’histoire de l’intelligence pourrait être changée : découvertes à Maastricht, aux Pays-Bas, ces taches suggèrent que les premiers Néandertaliens se livraient à des activités symboliques bien avant l'homme moderne, Homo sapiens.
La pensée conceptuelle ne laisse pas de traces archéologiques. Pour l'appréhender, les préhistoriens emploient le… concept de « pensée symbolique », c’est-à-dire de pensée par symboles. Un symbole, c’est un objet, un mot, un signe, etc. qui représente quelque chose. Pour les préhistoriens, les symboles jouent en quelque sorte le rôle de concepts encore enfants. Et les symboles matériels – au tout premier chef les ornements corporels – peuvent laisser des traces archéologiques. Cela explique que la parure soit considérée par les préhistoriens comme un marqueur de la pensée symbolique et, par là, de l’apparition de la pensée moderne.
La piste de la pensée symbolique remontait jusqu'ici en Afrique du Sud au Paléolithique moyen (il y a entre 200 000 ans et 30 000 ans en Afrique) et tout particulièrement au site de Blombos Cave, où des blocs d’ocre rayés de traits, des coquillages percés imprégnés d’ocre et des pointes bifaciales foliacées retouchées par pression témoignent de l'existence de techniques élaborées et d'activités artistiques, donc symboliques, dès 75 000 ans chez Homo sapiens. Par ailleurs, d’autres coquillages ocrés et percés datant de 82 500 ans ont aussi été retrouvés dans la grotte des Pigeons, près du village marocain de Taforalt. D'où l'idée que la pensée symbolique est apparue chez Homo sapiens alors qu’il vivait encore dans le berceau de l’humanité, c’est-à-dire en Afrique.
Or Wil Roebroeks, de l’Université de Leyde, et des confrères viennent d’étudier de près une curieuse trouvaille faite par les fouilleurs des sites C et F du Belvédère à Maastricht. Sur le site C, il s’agit d’une série de 15 minuscules taches rouges tranchant clairement sur le sédiment limoneux déposé par la Meuse, il y a environ 250 000 ans (à 20 000 ans près, d’après les datations par thermoluminescence et d'autres techniques). Une découverte similaire, quoique plus discrète, a été faite sur le site F, à quelque 300 mètres du site C. D'une part, l’analyse réalisée par les chercheurs prouve qu’il s’agit d’un matériau rougeâtre riche en hématite (oxyde de fer), bref d’ocre, qui n’a pu être apporté sur place que depuis un site distant (les gisements les plus proches sont à environ 40 kilomètres). D’autre part, les reconstitutions suggèrent que c’est lors du versement d’une certaine quantité de liquide ocré que les taches rouges sont entrées dans le sédiment. Des observations d’autres matériaux rougeâtres avaient déjà été faites ailleurs en Europe (à Ambrona en Espagne, Terra Amata en France ou Becov en République Tchèque) sur des sites très anciens, mais sans qu'il soit possible de certifier leur origine humaine ou leurs âges. Sur le site C du Belvédère, en revanche, il est clair qu'il y a environ 2 500 siècles, un Néandertalien a versé au-dessus du sédiment limoneux un liquide ocré, préparé avec un minéral apporté de loin. Sur quoi ? Peut-être sur lui-même, au vu des gouttelettes qui éclaboussent le sédiment.
Dès lors, peut-on penser que ce Néandertalien était en train d'orner son corps d’un pigment rouge symbolique ? Sommes-nous confrontés à la plus ancienne trace de pensée symbolique ? Il est tentant de le penser, mais rien ne le prouve. Une chose en tout cas est plus certaine : réserver la primeur de la pensée moderne à Homo sapiens revient à préjuger !
Ces éclaboussures se sont vraisemblablement produites lorsqu'un Néandertalien a versé du liquide ocré. Était-ce sur lui-même ? On est tenté de le penser et d'interpréter ce geste comme une décoration corporelle, ce qui serait une activité symbolique (en bas à droite, un grossissement du centre de la gouttelette de droite dans l'image en haut à droite).
Wil Roebroeks, Université de Leyde
Des pointes bifaciales et en os ainsi qu'un bloc d'ocre strié retrouvés dans l'abri de Blombos en Afrique du Sud. Ces artefacts datent de 75 000 à 80 000 ans et sont attribués à l'homme moderne, Homo sapiens.
Chris Henshilwood
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