La météorite d'Ensisheim exposée au salon Mineral & Gem
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La météorite d'Ensisheim exposée au salon Mineral & Gem
Le principal fait marquant de la 53ème édition de Mineral & Gem, à Sainte-Marie-aux-Mines, fut l'exposition de la fameuse météorite d'Ensisheim (Haut-Rhin), première chute bien documentée sur le plan européen.
Je vais tenter, à partir des sources originales et fiables que j'ai consultées avec attention, d'en résumer l'histoire, au demeurant fort belle.
La chute de cette météorite survint le 7 novembre 1492, soit moins d'un mois après la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb (heureux aide-mémoire que cette date reconnue comme charnière entre le Moyen Age et la Renaissance !).
Ce jour-là, peu avant midi, une détonation de tous les diables ébranla le sud de la vallée du Rhin supérieur et les régions voisines. Les écrits rapportent que l'on entendit l'explosion, suivie d'un roulement de tonnerre effrayant, jusqu'au pied des Alpes, dans le canton d'Uri et à Lucerne (Suisse) ainsi que dans les vallées de l'Aar, de l'Ill, du Danube et du Neckar. Aussitôt après, un jouvenceau, seul témoin oculaire de la chute semble-t-il, vit l'aérolithe s'écraser dans un champ de blé à proximité du bourg fortifié d'Ensisheim, petite ville libre impériale située au nord de Mulhouse, et siège de la régence archiducale de l'Autriche antérieure ; c'est plus précisément aux abords du chemin qui se dirige au sud vers le village de Battenheim, que l'aérolithe toucha le sol. Rapidement, la foule afflua de toutes parts et commença à s'approprier des morceaux de l'objet noirci dont l'impact avait formé, d'après les témoins, un cratère profond de 2 m. L'intervention prompte du bailli local fit cesser immédiatement cette ruée aux talismans. La mystérieuse pierre, dont on évalua le poids à 300 livres (environ 135 kg), fut alors amenée sur le parvis de l'église paroissiale. Elle y resta sous surveillance jusqu'au moment où l'archiduc d'Autriche Maximilien Ier de Habsbourg, roi des Romains et futur empereur, de passage dans la localité une vingtaine de jours plus tard (26 novembre selon le calendrier julien), demanda à la voir. Instantanément, sa venue sur la Terre fut interprétée par son conseil comme un signe divin, annonciateur d'évènements bénéfiques pour le monarque (prédictions qui se révélèrent d'ailleurs plutôt exactes). Devant un tel miracle, Maximilien en fit prélever deux fragments, un pour lui et un autre pour son ami l'archiduc Sigismond d'Autriche, puis il ordonna son installation à l'intérieur de l'église, ordre assorti d'une interdiction formelle d'en soustraire d'autres portions.
Elle demeura exposée dans le choeur du sanctuaire pendant 300 ans. C'est précisément le temps qu'il aura fallu aux savants pour démontrer que de telles pierres ne pouvaient être que d'origine extraterrestre : des débris d'étoiles...
La célèbre météorite trône à présent au Musée de la Régence d'Ensisheim.
Entre-temps, elle fit l'objet de nombreux prélèvements scientifiques ou destinés à enrichir les collections publiques et privées, la masse restante n'étant plus désormais que de 55 kg environ (moins de la moitié de son poids initial).
Les analyses ont montré qu'il s'agit d'une chondrite ordinaire à olivine et hypersthène de type LL6 (amphotérite, brèche polymicte).
Je ne m'attarderai pas sur les significations prophétiques que l'archiduc Maximilien et certains de ses sujets attachaient à la pierre, ainsi que sur la propagande, politique et militaire, qui en découla. Des textes émanant de poètes et de chroniqueurs contemporains s'en font largement l'écho, ornés quelques fois par de remarquables miniatures ou estampes. Des tracts illustrés annonçant le prodige ont même circulé un peu partout dans le Saint-Empire (rappelons que l'imprimerie n'en était alors qu'à ses débuts). Ces oeuvres ont pour auteurs principaux d'illustres figures de la Renaissance tels que Sebastian Brant (1458-1521), Albrecht Dürer (1471-1528), Hartmann Schedel (1440-1514), Diebold Schilling le Jeune (v. 1460-1515), Josef Grünpeck (v. 1473-1531), Jakob Mennel (v. 1460-1526) ou encore Sigismondo Tizio (1458-1528).
J'ai entrepris dernièrement de rechercher les manuscrits originaux et les incunables conservés dans quelques grandes bibliothèques européennes ; avec un peu de patience, je suis parvenu à les trouver tous sous forme numérique HD... Je compte partager en ligne les peintures et les gravures accompagnées de leurs lieux de conservation et cotes, ainsi chacun pourra juger de leur caractère exceptionnel.
En attendant, voici la photo de la météorite d'Ensisheim exposée dans sa vitrine historique : une masse restante de 55 kg, rongée depuis 1492 par les prélèvements (scientifiques ou non), mais qui conserve encore par endroits sa belle croûte de fusion noire.
Je vais tenter, à partir des sources originales et fiables que j'ai consultées avec attention, d'en résumer l'histoire, au demeurant fort belle.
La chute de cette météorite survint le 7 novembre 1492, soit moins d'un mois après la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb (heureux aide-mémoire que cette date reconnue comme charnière entre le Moyen Age et la Renaissance !).
Ce jour-là, peu avant midi, une détonation de tous les diables ébranla le sud de la vallée du Rhin supérieur et les régions voisines. Les écrits rapportent que l'on entendit l'explosion, suivie d'un roulement de tonnerre effrayant, jusqu'au pied des Alpes, dans le canton d'Uri et à Lucerne (Suisse) ainsi que dans les vallées de l'Aar, de l'Ill, du Danube et du Neckar. Aussitôt après, un jouvenceau, seul témoin oculaire de la chute semble-t-il, vit l'aérolithe s'écraser dans un champ de blé à proximité du bourg fortifié d'Ensisheim, petite ville libre impériale située au nord de Mulhouse, et siège de la régence archiducale de l'Autriche antérieure ; c'est plus précisément aux abords du chemin qui se dirige au sud vers le village de Battenheim, que l'aérolithe toucha le sol. Rapidement, la foule afflua de toutes parts et commença à s'approprier des morceaux de l'objet noirci dont l'impact avait formé, d'après les témoins, un cratère profond de 2 m. L'intervention prompte du bailli local fit cesser immédiatement cette ruée aux talismans. La mystérieuse pierre, dont on évalua le poids à 300 livres (environ 135 kg), fut alors amenée sur le parvis de l'église paroissiale. Elle y resta sous surveillance jusqu'au moment où l'archiduc d'Autriche Maximilien Ier de Habsbourg, roi des Romains et futur empereur, de passage dans la localité une vingtaine de jours plus tard (26 novembre selon le calendrier julien), demanda à la voir. Instantanément, sa venue sur la Terre fut interprétée par son conseil comme un signe divin, annonciateur d'évènements bénéfiques pour le monarque (prédictions qui se révélèrent d'ailleurs plutôt exactes). Devant un tel miracle, Maximilien en fit prélever deux fragments, un pour lui et un autre pour son ami l'archiduc Sigismond d'Autriche, puis il ordonna son installation à l'intérieur de l'église, ordre assorti d'une interdiction formelle d'en soustraire d'autres portions.
Elle demeura exposée dans le choeur du sanctuaire pendant 300 ans. C'est précisément le temps qu'il aura fallu aux savants pour démontrer que de telles pierres ne pouvaient être que d'origine extraterrestre : des débris d'étoiles...
La célèbre météorite trône à présent au Musée de la Régence d'Ensisheim.
Entre-temps, elle fit l'objet de nombreux prélèvements scientifiques ou destinés à enrichir les collections publiques et privées, la masse restante n'étant plus désormais que de 55 kg environ (moins de la moitié de son poids initial).
Les analyses ont montré qu'il s'agit d'une chondrite ordinaire à olivine et hypersthène de type LL6 (amphotérite, brèche polymicte).
Je ne m'attarderai pas sur les significations prophétiques que l'archiduc Maximilien et certains de ses sujets attachaient à la pierre, ainsi que sur la propagande, politique et militaire, qui en découla. Des textes émanant de poètes et de chroniqueurs contemporains s'en font largement l'écho, ornés quelques fois par de remarquables miniatures ou estampes. Des tracts illustrés annonçant le prodige ont même circulé un peu partout dans le Saint-Empire (rappelons que l'imprimerie n'en était alors qu'à ses débuts). Ces oeuvres ont pour auteurs principaux d'illustres figures de la Renaissance tels que Sebastian Brant (1458-1521), Albrecht Dürer (1471-1528), Hartmann Schedel (1440-1514), Diebold Schilling le Jeune (v. 1460-1515), Josef Grünpeck (v. 1473-1531), Jakob Mennel (v. 1460-1526) ou encore Sigismondo Tizio (1458-1528).
J'ai entrepris dernièrement de rechercher les manuscrits originaux et les incunables conservés dans quelques grandes bibliothèques européennes ; avec un peu de patience, je suis parvenu à les trouver tous sous forme numérique HD... Je compte partager en ligne les peintures et les gravures accompagnées de leurs lieux de conservation et cotes, ainsi chacun pourra juger de leur caractère exceptionnel.
En attendant, voici la photo de la météorite d'Ensisheim exposée dans sa vitrine historique : une masse restante de 55 kg, rongée depuis 1492 par les prélèvements (scientifiques ou non), mais qui conserve encore par endroits sa belle croûte de fusion noire.
Sapiens88- Messages : 781
Date d'inscription : 13/02/2010
Age : 48
Localisation : Archettes (Vosges)
Re: La météorite d'Ensisheim exposée au salon Mineral & Gem
Merci beaucoup Frédéric, sacré morceau en tout cas !!!
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