Génétique : l'homme a sélectionné l’ADN de Néandertal
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Génétique : l'homme a sélectionné l’ADN de Néandertal
Génétique : l'homme a sélectionné l’ADN de Néandertal
par Audrey Vaugrente
Néandertal est souvent décrit comme une espèce d’hominidé disparue. Pour certains hommes modernes, il représente plus que cela : il est un ancêtre lointain. En Europe, 4 % de notre génome provient de lui. Le reste a été progressivement filtré par la sélection naturelle, explique l’Université de Californie (Etats-Unis). Car l’ADN de Néandertal était faible, montre une étude parue dans PLOS Genetics.
C’est un élément peu connu de l’histoire de notre espèce. Et pourtant, les hommes archaïques et les Néandertaliens se sont reproduits il y a plus de 47 000 ans. Des hybrides qui sont apparus, il ne reste que peu de traces. Mais régulièrement, la science explique des maladies modernes par cette ascendance étrangère. Les allergies, par exemple, nous proviendraient de certains allèles néandertaliens. Un héritage bien encombrant, comme pourront en témoigner les personnes qui en souffrent.
En réalité, l’homme moderne s’en tire plutôt bien. La sélection naturelle a progressivement purgé notre ADN de toute variation délétère. Les allèles qui avaient des effets néfastes sur la santé ont été abandonnés au profit de variantes plus solides.
Comment une telle évolution a-t-elle été possible ? Les auteurs de cette étude remercient la démographie.
Au moment où les deux espèces se sont rencontrées, la population humaine était plus importante que celles des hominidés. Le brassage n’a donc pas permis ce « tri » lorsque les Néandertaliens étaient entre eux. « Nos résultats correspondent à un scénario selon lequel le génome de Néandertal a accumulé de nombreuses variantes délétères et faibles, car la sélection manquait d’efficacité », explique Ivan Juric. La population humaine, plus nombreuse, a plus rapidement fait le ménage. Il était impossible qu’une variation qui affaiblit persiste dans une population si large.
Ces travaux confirment aussi pourquoi les personnes originaires d’Asie de l’Est possédaient davantage de variantes néandertaliennes que les Caucasiens. Mais certains allèles nous poursuivent toujours, et expliqueraient même l’augmentation de certaines pathologies. C'est le cas du gène qui régule la coagulation sanguine. L'allèle hérité de Néandertal donne un sang épais. Une particularité utile pour cicatriser rapidement. Mais dans la société actuelle, elle pénalise plus qu’elle n’aide : elle augmente le risque d’AVC ou d’embolie pulmonaire.
D’autres variations auraient mieux fait de persister. S’il avait vécu jusqu’à aujourd’hui, notre cousin n’aurait probablement jamais développé la maladie d’Alzheimer. Le cocktail est donc complexe et stimule l’imagination. « Je trouve fascinante l’idée que si Néandertal avait atteint une démographie plus développée en Europe, si les hommes modernes s’étaient développés plus lentement, certains d’entre nous porteraient plus d’ascendance néandertalienne dans notre génome », s’enthousiasme Ivan Juric. Ce domaine restera, pour le meilleur ou le pire, du domaine de la science-fiction.
http://www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/18374-Genetique-l-homme-a-selectionne-l-ADN-de-Neandertal
par Audrey Vaugrente
L’homme moderne a nettoyé son génome. Les variantes génétiques héritées de Néandertal ont été expulsées. Elles favorisaient trop de complications de santé.
Néandertal est souvent décrit comme une espèce d’hominidé disparue. Pour certains hommes modernes, il représente plus que cela : il est un ancêtre lointain. En Europe, 4 % de notre génome provient de lui. Le reste a été progressivement filtré par la sélection naturelle, explique l’Université de Californie (Etats-Unis). Car l’ADN de Néandertal était faible, montre une étude parue dans PLOS Genetics.
C’est un élément peu connu de l’histoire de notre espèce. Et pourtant, les hommes archaïques et les Néandertaliens se sont reproduits il y a plus de 47 000 ans. Des hybrides qui sont apparus, il ne reste que peu de traces. Mais régulièrement, la science explique des maladies modernes par cette ascendance étrangère. Les allergies, par exemple, nous proviendraient de certains allèles néandertaliens. Un héritage bien encombrant, comme pourront en témoigner les personnes qui en souffrent.
Un ménage à grande échelle
En réalité, l’homme moderne s’en tire plutôt bien. La sélection naturelle a progressivement purgé notre ADN de toute variation délétère. Les allèles qui avaient des effets néfastes sur la santé ont été abandonnés au profit de variantes plus solides.
Comment une telle évolution a-t-elle été possible ? Les auteurs de cette étude remercient la démographie.
Au moment où les deux espèces se sont rencontrées, la population humaine était plus importante que celles des hominidés. Le brassage n’a donc pas permis ce « tri » lorsque les Néandertaliens étaient entre eux. « Nos résultats correspondent à un scénario selon lequel le génome de Néandertal a accumulé de nombreuses variantes délétères et faibles, car la sélection manquait d’efficacité », explique Ivan Juric. La population humaine, plus nombreuse, a plus rapidement fait le ménage. Il était impossible qu’une variation qui affaiblit persiste dans une population si large.
Un cocktail complexe
Ces travaux confirment aussi pourquoi les personnes originaires d’Asie de l’Est possédaient davantage de variantes néandertaliennes que les Caucasiens. Mais certains allèles nous poursuivent toujours, et expliqueraient même l’augmentation de certaines pathologies. C'est le cas du gène qui régule la coagulation sanguine. L'allèle hérité de Néandertal donne un sang épais. Une particularité utile pour cicatriser rapidement. Mais dans la société actuelle, elle pénalise plus qu’elle n’aide : elle augmente le risque d’AVC ou d’embolie pulmonaire.
D’autres variations auraient mieux fait de persister. S’il avait vécu jusqu’à aujourd’hui, notre cousin n’aurait probablement jamais développé la maladie d’Alzheimer. Le cocktail est donc complexe et stimule l’imagination. « Je trouve fascinante l’idée que si Néandertal avait atteint une démographie plus développée en Europe, si les hommes modernes s’étaient développés plus lentement, certains d’entre nous porteraient plus d’ascendance néandertalienne dans notre génome », s’enthousiasme Ivan Juric. Ce domaine restera, pour le meilleur ou le pire, du domaine de la science-fiction.
http://www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/18374-Genetique-l-homme-a-selectionne-l-ADN-de-Neandertal
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