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Préhistoire : dans les pas de Little Foot, nouveau doyen de l'humanité ?

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Message  Admin Mer 16 Juil 2014 - 16:38

Préhistoire: dans les pas de Little Foot, nouveau doyen de l'humanité?

Par Bruno D. Cot, publié le 08/05/2014 à 20:20

Son squelette est mieux conservé et plus complet que celui de l'australopithèque Lucy. Plus beau et plus âgé ? Ce Sud-Africain d'au moins 3 millions d'années pourrait ravir à sa célèbre cousine le titre d'"ancêtre de l'humanité". Histoire d'une rocambolesque découverte. 

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Les os du pied ont permis d'identifier Little Foot en tant qu'australopithèque.



J. Ngwenya/Reuters

Un boyau sans fin dans une pénombre inquiétante qui tord l'estomac... Voilà trente-six heures que Stephen Motsumi et Nkwane Molefe scrutent les moindres recoins de la grotte de Sterkfontein, située au nord de Johannesburg (Afrique du Sud). Ignorent-ils que, jadis, un ouvrier s'est perdu dans cette mine-labyrinthe de 12 kilomètres de galeries et qu'il n'en est jamais ressorti? Faisant fi du danger, les deux hommes progressent lentement par une chaleur étouffante et à la faible lumière de leur lampe.  
Même Hergé, le père de Tintin, n'aurait pu imaginer scénario aussi haletant. "Eurêka!" s'exclame l'un des paléontologues, à l'instar du héros de la célèbre bande dessinée, lorsque, tout à coup, à 25 mètres de profondeur, alors qu'il se trouve en haut d'une marche poussiéreuse, il tombe nez à nez avec le trésor tant convoité : un bout d'os de 3 centimètres de long, encastré dans la roche! 
Les pièces s'emboîtent comme un puzzle de 3 millions d'années
De sa poche, il sort le moulage d'un demi-tibia que lui a religieusement confié son supérieur, le Pr Ronald Clarke, de l'Institut de l'évolution humaine à l'université du Witwatersrand. "Et c'est là qu'a opéré la magie du destin, s'enthousiasme Yves Coppens, paléo-anthropologue au Collège de France, qui aime raconter l'histoire de ce fossile qu'il connaît bien. Les deux extrémités se sont parfaitement assemblées comme les pièces d'un puzzle."  
Sans le savoir, en ce début du mois de juillet 1997, Motsumi et Molefe viennent de mettre la main sur le squelette d'australopithèque le plus complet exhumé à ce jour, un genre d'hominidé que l'on pouvait croiser sur notre terre il y a plus de trois millions d'années, et que nombre de spécialistes estiment être à l'origine de la lignée humaine. Celui-là, baptisé "Little Foot", concourt donc au titre très convoité d'"ancêtre de l'humanité". 
Cette découverte marque l'épilogue d'une très, très longue histoire. Au début des années 1900, Johannesburg se développe grâce au filon aurifère : pour extraire l'or, les mineurs ont besoin de chaux, qu'ils vont chercher à 45 kilomètres, dans la vallée de la Blauawbankspruit, où se trouve la grotte de Sterkfontein. La roche y est si dure que le travail s'effectue à la dynamite.  
L'Afrique du Sud, berceau de l'humanité?
Mais rapidement, et malgré les dégâts irréversibles causés par l'explosif, de nombreux os attirent l'attention des scientifiques dépêchés sur place. Ils les récupèrent, souvent dans la précipitation, et se contentent de les stocker. "D'abord au British Museum, à Londres [Grande-Bretagne], ensuite au musée du Transvaal, à Pretoria, puis à l'université du Witwatersrand", explique Francis Thackeray, professeur en anthropologie, qui dirige aujourd'hui l'Institut de l'évolution humaine.  
Peu à peu se constitue ainsi l'une des plus formidables collections anthropologiques de la planète, à partir des fossiles de Sterkfontein et de ceux trouvés dans le reste de la vallée de la Blauawbankspruit. En 1925, l'anthropologue Raymond Dart se plonge dans ce trésor, y découvre le crâne d'un enfant provenant de la grotte de Taung; un jeune garçon qui devait marcher debout en raison de la position de son occipital.  
Pour Dart, cette caractéristique fait de cet "enfant de Taung" le premier représentant de l'espèce humaine, que l'anthropologue nomme Australo-pithecus africanus. Très critiquée, l'hypothèse de Dart est confirmée en 1947 après le déterrement d'un autre fossile que l'on prend, à tort, pour celui d'une femme, appelé "Mrs Ples". Son crâne quasi complet au volume imposant (485 centimètres cubes) est différent de celui des grands singes et confirme l'existence d'une forme ancienne d'hominidés. "A partir de là, l'idée que l'Afrique du Sud puisse être le berceau de l'humanité commence à s'imposer au sein de la communauté scientifique", raconte José Braga, anthropobiologiste à l'université Paul-Sabatier, à Toulouse. 
Avec l'apartheid, les recherches migrent vers l'Afrique de l'Est
L'après-Seconde Guerre mondiale marque l'arrêt de l'exploitation minière dans une bonne partie du pays. Grâce à ses nombreux sites - Sterkfontein, Swartkrans, Kromdraai, Malapa, Taung et Makapansgat -, la région devient pour les paléontologues la "vallée aux fossiles", comme il existe, pour les égyptologues, une "Vallée des Rois". Sauf que, dès 1948, le Parti national instaure l'apartheid.  
"Cette période de repli s'est traduite pour les chercheurs par une difficulté d'obtenir des permis de fouilles", se souvient Brigitte Senut, du Muséum d'histoire naturelle de Paris, qui a longtemps travaillé en Afrique du Sud. Les recherches se déplacent ailleurs sur le continent africain, surtout dans l'Est avec, en 1974, la découverte, par Yves Coppens, de la célèbre Lucy.  
Un événement planétaire puisque la petite boule de poils (1,20 mètre pour 25 kilos) a acquis une surprenante popularité auprès du public. Au point de faire de l'Afrique de l'Est le lieu d'origine de l'espèce humaine. "Vouloir imposer un endroit précis alors que les préhumains ont connu une évolution dans le temps et dans l'espace n'a pas de sens", estime Brigitte Senut. 
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Le squelette de Lucy, découvert par le Pr Yves Coppens en Ethiopie, est, lui, très incomplet.

F. Tanneau/AFP

En Afrique du Sud, les fouilles suivent les évolutions politiques. A peine les dernières lois ségrégationnistes sontelles abolies que les recherches s'accélèrent, notamment dans les dépôts les plus anciens de Sterkfontein, d'où différents os, difficilement identifiables - bovidés, rongeurs, félins, singes -, se trouvent à nouveau exhumés, en 1992, et conservés à l'université du Witwatersrand.  
Une découverte qui tient au hasard et à l'intuition d'un homme
Les boîtes s'entassent jusqu'à ce qu'un soir de septembre 1994 Ron Clarke décide d'en ouvrir une au hasard, dont il vide le contenu sur son bureau. Au milieu du fatras, il distingue quatre petits os provenant du pied gauche d'un hominidé. Ce remarquable anatomiste continue à fouiner frénétiquement dans les cartons et découvre d'autres morceaux. Sur la base de ces quelques osselets naît Little Foot, décrit en 1995 comme un australopithèque dans la revue Science.  
"A l'époque, son étude, fondée sur si peu de preuves, avait provoqué quelques grincements de dents, raconte José Braga. C'était compter sans son éclair de génie." Clarke s'interroge benoîtement : et si la grotte de Sterkfontein, dont l'exploitation a cessé en 1939 et où, depuis, rien n'a bougé, recelait toute l'ossature de Little Foot? Ron Clarke confie donc un moulage de tibia à deux de ses élèves, Stephen Motsumi et Nkwane Molefe, qu'il envoie sur place. On connaît la suite... 
Mais si la mise au jour du squelette d'australopithèque le plus complet du monde tient au hasard et à l'intuition d'un homme, il est aussi un gros coup de chance. Au moment où les mineurs stoppent l'exploitation du site, ils s'arrêtent, on peut le dire, au pied de Little Foot. "Un tiers de dynamite en plus, et il se trouvait totalement désintégré, un tiers en moins, et on ne mettait jamais la main dessus", analyse Laurent Bruxelles.  
Ce chercheur de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) est appelé à la rescousse par Ron Clarke en 2007. Il est karstologue, autrement dit spécialiste des grottes, une discipline à la frontière de l'archéologie et de la spéléologie, que les Sud-Africains, excellents géologues, goûtent peu. Or, depuis la découverte de Little Foot, l'âge de l'australopithèque pose un problème aux scientifiques. Clarke lui attribue 3,3 millions d'années (Ma), ce qui rend son protégé un peu plus vieux que la célèbre Lucy (3,2 Ma).  
Little Foot est âgé d'au moins 3 millions d'années
Mais l'on ne détrône pas si facilement une idole, et les autres estimations effectuées depuis n'ont cessé d'ajouter du doute à la confusion... Une première datation, réalisée selon la méthode dite "cosmonucléide" - les chercheurs analysent les éléments de quartz tombés dans la grotte et évaluent la dernière fois qu'ils ont vu le jour -, a repoussé cet âge à 4 millions d'années. Une deuxième, plus classique, dite "radiométrique", reposant sur l'examen des couches de calcite situées sous le fossile, a fourni celui de... 2,2millions d'années. 
Pourquoi un tel écart chronologique? Le paysage géologique de l'Est du continent africain n'a rien à voir avec celui du Sud. Le premier demeure facilement lisible avec des strates sédimentaires sagement déposées. "En Afrique du Sud, les dépôts ne sont pas horizontaux mais très chaotiques", précise Francis Thackeray. D'où l'appel adressé à Laurent Bruxelles, le chercheur de l'Inrap, qui s'est lancé dans une étude plus large du site afin de préciser les conditions de formation des grottes et leur développement.  
Son équipe a même réalisé une reconstitution en 3D de Sterkfontein en vue de mieux évaluer les différents niveaux stratigraphiques et de garder une mémoire du site après l'excavation des ossements. "Je me suis arrêté sur la couche de calcite qui se situe juste au-dessus du squelette et qui l'a emprisonné, à l'abri de l'eau, le figeant, comme l'ambre pour certains insectes", précise Laurent Bruxelles.  
En la datant, le Français vient de conclure définitivement que Little Foot est âgé d'au moins 3 millions d'années, ce qui en fait un contemporain de Lucy. Mieux, d'ici à quelques semaines, il espère prouver qu'il en est l'aîné, grâce à des examens plus poussés effectués par le laboratoire du Cerege (Centre européen de recherche et d'enseignement des géosciences de l'environnement), situé à Aix-en-Provence. 
Le squelette de Little Foot est devenu un enjeu national
L'Afrique du Sud a pris la mesure des trésors que renferme son sol. Au total, un tiers des fossiles anciens exhumés sur le continent proviennent de ce pays. Notamment de cette fameuse vallée de la Blauawbankspruit, dont les 25 000 hectares ont été classés par l'Unesco "berceau de l'humanité". Les autorités politiques ont encouragé la création d'un nouveau centre de recherche au sein de l'université du Witwatersrand.  
"Et moi, je rêve de voir notre gouvernement offrir à toutes les écoles du pays des moulages de nos fossiles, tant pour encourager les vocations que pour que nos enfants prennent conscience de ce patrimoine unique", s'enflamme Francis Thackeray. En ce sens, le squelette de Little Foot est devenu un enjeu national. Et un trésor inestimable. Parce qu'il apparaît comme le mieux conservé au monde et parce qu'il est le plus complet.  
Little Foot, à la fois chasseur et charognard
"Jusqu'ici, les chercheurs ont exhumé des ossements épars à l'exemple de la carcasse de Lucy, dont on possède 40 %. Là, on a le haut et le bas", résume d'un ton amusé Pascal Picq, paléoanthropologue au Collège de France. Un miracle qui, cette fois-ci, tient non à la nature, mais aux circonstances de la mort de Little Foot. Bruxelles passe aux aveux : "C'est un accident. Il a fait une chute vertigineuse de 20 mètres dans la grotte sans que l'on en connaisse la raison."  
Il faut imaginer le terrain de jeu d'il y a 3 millions d'années : une savane arborée avec des bosquets, des arbres assez élevés (on a retrouvé des fossiles de lianes), un marécage (restes d'hippopotames et de crocodiles). Little Foot se comportait en chasseur et en charognard, mais était aussi la proie des félins. Les fouilleurs ont d'ailleurs exhumé un crâne avec un morceau de tigre à dents de sabre fiché dedans !  
C'est ballot, mais l'australopithèque a chuté, au mieux en cherchant à échapper à un adversaire, au pire parce qu'il avait du mal à mettre un pied devant l'autre... Après le choc, son corps a sans doute roulé, au vu de la position un peu vrillée du fossile. "Sa main se trouve recroquevillée avec son pouce à l'intérieur, note Yves Coppens. Un dernier geste, emprisonné dans la pierre, émouvant et terrible, qui peut laisser croire à une lente agonie." 
Les préhumains "jamais loin de leur arbre"
Aujourd'hui, au terme de treize années d'une minutieuse excavation, effectuée à la fraise de dentiste, le squelette extrait de sa gangue va pouvoir parler. Sa découverte a prouvé qu'il existait voici de 2,5 millions à 3,5 millions d'années deux lignées d'australopithèques en Afrique du Sud : Australopithecus africanus (l'enfant de Taung et Mrs. Ples) et Australopithecus prometheus (Little Foot).  
"La devise de tous les préhumains, c'est : "Jamais loin de mon arbre", résume Pascal Picq. Il se tient debout, marche en permanence et grimpe encore dans les branches." Or, avec ce squelette complet, les paléontologues devraient avoir des détails sur la bipédie. Sa dentition permettra aussi d'en savoir plus sur son régime alimentaire et sur son âge.  
Enfin, son crâne, parfaitement conservé, offrira des indications sur la répartition des lobes, sa capacité cérébrale, et donc sur son évolution comportementale. "Celle-ci diffère considérablement selon l'aire géographique et dans le temps", estime Yves Coppens. Alors, 3,5 ou 3,2 millions d'années? Ancêtre ou cousin de Lucy? Sur l'échelle de l'évolution, la différence peut sembler minime. A notre aune d'Homo sapiens sapiens, ce n'est pas rien. Après tout, nous n'avons même pas 200000 ans. 

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